Points de vue

21 septembre 2020
Une “écriture excluante” qui “s’impose par la propagande” : 32 linguistes listent les défauts de l’écriture inclusive
“Outre ses défauts fonctionnels, l’écriture inclusive pose des problèmes à ceux qui ont des difficultés d’apprentissage et, en réalité, à tous les francophones soudain privés de règles et livrés à un arbitraire moral.” Bien que favorables à la féminisation de la langue, plusieurs linguistes estiment l’écriture inclusive profondément problématique.

Présentée par ses promoteurs comme un progrès social, l’écriture inclusive n’a paradoxalement guère été abordée sur le plan scientifique, la linguistique se tenant en retrait des débats médiatiques. Derrière le souci d’une représentation équitable des femmes et des hommes dans le discours, l’inclusivisme désire cependant imposer des pratiques relevant d’un militantisme ostentatoire sans autre effet social que de produire des clivages inédits. Rappelons une évidence : la langue est à tout le monde.

LES DÉFAUTS DE L’ÉCRITURE INCLUSIVE

Les inclusivistes partent du postulat suivant : la langue aurait été “masculinisée” par des grammairiens durant des siècles et il faudrait donc remédier à l’”invisibilisation” de la femme dans la langue. C’est une conception inédite de l’histoire des langues supposant une langue originelle “pure” que la gent masculine aurait pervertie, comme si les langues étaient sciemment élaborées par les locuteurs. Quant à l”invisibilisation”, c’est au mieux une métaphore mais certainement pas un fait objectif ni un concept scientifique.

Si la féminisation est bien une évolution légitime et naturelle de la langue, elle n’est pas un principe directeur des langues

Nous relèverons simplement ici quelques défauts constitutifs de l’écriture inclusive et de ses principes.

  • La langue n’a pu être ni masculinisée, ni féminisée sur décision d’un groupe de grammairiens, car la langue n’est pas une création de grammairiens — ni de grammairiennes. Ce ne sont pas les recommandations institutionnelles qui créent la langue, mais l’usage des locuteurs. L’exemple, unique et tant cité, de la règle d’accord “le masculin l’emporte sur le féminin” ne prétend posséder aucune pertinence sociale. C’est du reste une formulation fort rare, si ce n’est mythique, puisqu’on ne la trouve dans aucun manuel contemporain, ni même chez Bescherelle en 1835. Les mots féminin et masculin n’ont évidemment pas le même sens appliqués au sexe ou à la grammaire : trouver un quelconque privilège social dans l’accord des adjectifs est une simple vue de l’esprit.
  • Si la féminisation est bien une évolution légitime et naturelle de la langue, elle n’est pas un principe directeur des langues. En effet, la langue française permet toujours de désigner le sexe des personnes et ce n’est pas uniquement une affaire de lexique, mais aussi de déterminants et de pronoms (“Elle est médecin”). Par ailleurs, un nom de genre grammatical masculin peut désigner un être de sexe biologique féminin (“Ma fille est un vrai génie des maths”) et inversement (“C’est Jules, la vraie victime de l’accident”). On peut même dire “un aigle femelle” ou “une grenouille mâle”…

UNE ÉCRITURE EXCLUANTE

La langue n’est pas une liste de mots dénués de contexte et d’intentions, renvoyant à des essences. Il n’y a aucune langue qui soit fondée sur une correspondance sexuelle stricte. Autrement, le sens des mots serait déterminé par la nature de ce qu’ils désignent, ce qui est faux. Si c’était le cas, toutes les langues du monde auraient le même système lexical pour désigner les humains. Or, la langue n’a pas pour principe de fonctionnement de désigner le sexe des êtres : dire à une enfant “Tu es un vrai tyran” ne réfère pas à son sexe, mais à son comportement, indépendant du genre du mot.

  • Les formes masculines du français prolongent à la fois le masculin (librum) et le neutre (templum) du latin et font donc fonction de genre “neutre”, c’est-à-dire par défaut, ce qui explique qu’il intervienne dans l’accord par résolution (la fille et le garçon sont partis), comme indéfini (ils ont encore augmenté les impôts), impersonnel (il pleut), ou neutre (c’est beau). Il n’y a là aucune domination symbolique ou socialement interprétable. Quand on commande un lapin aux pruneaux, on ne dit pas un.e lapin.e aux pruneaux
  • La langue a ses fonctionnements propres qui ne dépendent pas de revendications identitaires individuelles. La langue ne détermine pas la pensée — sinon tous les francophones auraient les mêmes pensées, croyances et représentations. Si la langue exerçait un pouvoir “sexiste”, on se demande comment Simone de Beauvoir a pu être féministe en écrivant en français “patriarcal”. L’évidence montre que l’on peut exprimer toutes les pensées et les idéologies les plus antithétiques dans la même langue.

Ces formes fabriquées ne relèvent d’aucune logique étymologique et posent des problèmes considérables de découpages et d’accords

  • En français, l’orthographe est d’une grande complexité, avec ses digraphes (euainan), ses homophones (eauauo), ses lettres muettes, etc. Mais des normes permettent l’apprentissage en combinant phonétique et morphologie. Or, les pratiques inclusives ne tiennent pas compte de la construction des mots : tou.t.e.s travailleu.r.se.s créent des racines qui n’existent pas (tou-travailleu-). Ces formes fabriquées ne relèvent d’aucune logique étymologique et posent des problèmes considérables de découpages et d’accords.
  • En effet, les réformes orthographiques ont normalement des objectifs d’harmonisation et de simplification. L’écriture inclusive va à l’encontre de cette logique pratique et communicationnelle en opacifiant l’écriture. En réservant la maîtrise de cette écriture à une caste de spécialistes, la complexification de l’orthographe a des effets d’exclusion sociale.Tous ceux qui apprennent différemment, l’écriture inclusive les exclut : qu’ils souffrent de cécité, dysphasie, dyslexie, dyspraxie, dysgraphie, ou d’autres troubles, ils seront d’autant plus fragilisés par une graphie aux normes aléatoires.
  • Tous les systèmes d’écriture connus ont pour vocation d’être oralisés. Or, il est impossible de lire l’écriture inclusive : cher.e.s ne se prononce pas. Le décalage graphie / phonie ne repose plus sur des conventions d’écriture, mais sur des règles morales que les programmes de synthèse vocale ne peuvent traiter et qui rendent les textes inaccessibles aux malvoyants.

L’écriture inclusive pose des problèmes à tous ceux qui ont des difficultés d’apprentissage

  • On constate chez ceux qui la pratiquent des emplois chaotiques qui ne permettent pas de produire une norme cohérente. Outre la prolifération de formes anarchiques (“Chere.s collègu.e.s”, “Cher.e.s collègue.s”, etc.), l’écriture inclusive est rarement systématique : après de premières lignes “inclusives”, la suite est souvent en français commun… Si des universitaires militants ne sont pas capables d’appliquer leurs propres préceptes, qui peut le faire ?
  • L’écriture inclusive, à rebours de la logique grammaticale, remet aussi radicalement en question l’usage du pluriel, qui est véritablement inclusif puisqu’il regroupe. Si au lieu de “Les candidats sont convoqués à 9h00” on écrit “Les candidats et les candidates sont convoqué.e.s à 9h00”, cela signifie qu’il existe potentiellement une différence de traitement selon le sexe. En introduisant la spécification du sexe, on consacre une dissociation, ce qui est le contraire de l’inclusion. En prétendant annuler l’opposition de genre, on ne fait que la systématiser : l’écriture nouvelle aurait nécessairement un effet renforcé d’opposition des filles et des garçons, créant une exclusion réciproque et aggravant les difficultés d’apprentissage dans les petites classes.

Outre ses défauts fonctionnels, l’écriture inclusive pose des problèmes à tous ceux qui ont des difficultés d’apprentissage et, en réalité, à tous les francophones soudain privés de règles et livrés à un arbitraire moral. La circulaire ministérielle de novembre 2017 était pourtant claire et, tout en valorisant fort justement la féminisation quand elle était justifiée, demandait “ne pas faire usage de l’écriture dite inclusive” : des administrations universitaires et municipales la bafouent dans un coup de force administratif permanent. L’usage est certes roi, mais que signifie un usage militant qui déconstruit les savoirs, complexifie les pratiques, s’affranchit des faits scientifiques, s’impose par la propagande et exclut les locuteurs en difficulté au nom de l’idéologie ?

3 avril 2019

Manifeste pour la reconnaissance du principe de diversité linguistique et culturelle dans les recherches concernant les langues

Pétition : Manifeste pour la reconnaissance du principe de diversité linguistique et culturelle  dans les recherches concernant les langues

Par Didier de Robillard

Pétition adressée à Responsables de l’Enseignement supérieur et de la recherche

Manifeste pour la reconnaissance du principe de diversité linguistique et culturelle dans les recherches concernant les langues

Préambule
Au fil des années, et cela depuis plusieurs décennies, les institutions de l’enseignement supérieur enjoignent, progressivement, et de manière de plus en plus pressante, aux enseignantes-chercheures et enseignants-chercheurs (EC) d’accroître leur visibilité internationale. Il est normal que les EC se préoccupent de participer aux débats internationaux dans leurs disciplines. Cela se fait lors de colloques et au fil d’articles, non pas à des fins publicitaires, mais pour confronter et échanger points de vue et postures théoriques dans un souci d’amélioration de la qualité de leurs travaux. L’indépendance des EC, qui est indispensable et constitutive de leurs fonctions, rend toute pression pour influencer ce processus non seulement inutile, mais surtout inappropriée.

La place de la langue anglaise
Dans ces injonctions, le plus discutable est probablement l’impensé selon lequel cette visibilisation ne pourrait se faire qu’en anglais. Dans le domaine de l’enseignement, les EC sont bien conscients de la nécessité, pour les étudiants, de lire des travaux en anglais, comme dans d’autres langues selon les domaines, voire d’écrire ou de s’exercer à la traduction. Mais ce n’est pas aux instances politiques de décider et d’imposer des cours en anglais. C’est l’enseignant qui doit décider de l’opportunité de proposer des cours en langue anglaise, comme cela peut se faire, par exemple, en droit international, ou dans d’autres langues. Quant à l’argument qui veut justifier l’imposition de cours en anglais pour attirer les étudiants étrangers, il ignore que ce qui attire nombre d’entre eux en France est précisément la pratique de cours en français, et ce qui n’est pas courant ailleurs (culture, références, théories…), par exemple aux États-Unis.
Par ailleurs, nombre de collègues, dans tous les pays, sans doute plus dans les humanités qu’ailleurs, se préoccupent de cette hégémonie de l’anglais au détriment d’autres langues et champs de connaissance, et du risque de voir s’appauvrir un discours scientifique – et donc une pensée – faute de moyens linguistiques appropriés, celui-ci exigeant une maitrise qui ne saurait se limiter à une compétence linguistique ordinaire, fût-elle très bonne.
Le filtre des traditions intellectuelles et formats éditoriaux des civilisations anglophones
Le problème de l’évaluation des articles soumis à des supports et des publications de langue anglais est d’abord politique. Au fil de la longue histoire des sciences humaines et sociales (SHS), des traditions intellectuelles liées à des langues et cultures se sont transmises et se sont influencées, confortées dans un dialogue contradictoire. Les héritages des traditions[1] française, allemande, états-unienne… constituent autant de façons différentes et fécondes d’aborder les phénomènes des sciences humaines. Les échanges contradictoires entre ces traditions constituent une richesse stratégique pour les SHS en général, et les sciences du langage en particulier. Parmi les plus grands linguistes et philosophes du langage du XXe siècle (pour ne rien dire des travaux antérieurs, grecs, arabes, indiens…) on compte un nombre considérable de Français, d’Allemands, d’Italiens et de Russes (pour ne citer qu’eux) s’exprimant chacun dans sa langue que de Britanniques ou d’États-Uniens s’exprimant en anglais. Renoncer à ces sources et aux langues dans lesquelles elle se sont exprimées au profit du seul anglais, c’est perdre toute chance de contribuer utilement à la recherche mondiale dans nos disciplines.
Les formats éditoriaux des revues disciplinaires ne sont pas les mêmes selon les traditions culturelles, et, tel article qui sera accepté sans difficulté dans une revue française sera sans ambages rejeté dans une revue en langue anglaise, non sur des critères de qualité scientifique mais de formats éditoriaux souvent liés à des traditions philosophiques et culturelles et à des conceptions différentes de la recherche ; ou encore parce que des épistémologies, des problématiques pourtant pertinentes sont inconnues ou méconnues, ou tout simplement pas « bankable ».
Y a-t-il une meilleure façon de faire de la science ?
Ainsi, dans la situation actuelle, les choix de politique linguistique des organismes de recherche ne sont pas d’ordre méthodologique et épistémologique. L’essentiel des raisons sous-jacentes à ce qu’il faut bien appeler une lutte commerciale dans le champ des sciences sont géopolitiques, économiques, industrielles. On ne peut donc pas argumenter que la science, ou l’enseignement supérieur en langue anglaise soient de meilleure qualité et ces politiques poussent à un appauvrissement progressif de la recherche à travers la raréfaction des composantes culturelles des sciences, résultat d’une politique à courte vue.
Des risques de discrimination
Comme l’ont argumenté des EC des Sciences de gestion (Le Monde, 20.02.2019) pour ce qui est de leur discipline, cette situation fait peser de réels risques de discrimination sur l’activité des EC, puisque, sans que cela puisse être corrélé à la qualité des travaux, les chercheurs francophones sont désavantagés dans cette concurrence.
La promotion d’une diversité linguistique et culturelle plus large
De nombreux travaux en SHS ont montré que, dans ce domaine, la diversité linguistique et culturelle est un ferment fécond. Il faut donc réfléchir, au-delà de la concurrence anglais-français, à la place des langues du monde dans le concert scientifique, sans que cela signifie seulement favoriser la publication dans toutes les langues du monde, problème auquel se voit souvent réduit cette question.
Cet appel a vocation à alerter les autorités nationales et internationales de la sphère francophone et des différents milieux x-phones et à les inciter à promouvoir le principe de la richesse de la diversité linguistique dans les SHS en général, et pour les sciences du langage en particulier, à l’instar de la déclaration DORA (Lien : https://sfdora.org/) pour ce qui est de la bibliométrie. Cet appel vise aussi à inciter ces autorités à concevoir en concertation avec des enseignants chercheurs un plan de soutien à la recherche francophone et à sa diffusion, premier pas vers une ambition plus large qui pose la question de contributions culturellement et linguistiquement diversifiées au nécessaire débat contradictoire transversal.
« Mode d’emploi » de ce texte :
Ce texte se veut un moyen de susciter la réflexion et l’action. D’une part, il est en ligne sur le site Mesopinions.com (Lien : https://www.mesopinions.com/petition/art-culture/manifeste-reconnaissance-principe-diversite-linguistique-culturelle/63600) pour toutes celles et tous ceux qui veulent lui manifester leur soutien par une co-signature. D’autre part, nous donnons l’autorisation à quiconque souhaite le diffuser, publier, traduire, de le faire, toute modification devant être explicitement signalée comme telle. Nous encourageons les revues scientifiques et la presse généraliste, en ligne ou non, francophones ou dans d’autres langues, à le publier dans leurs pages.
Déclaration de l’Académie des Belles-Lettres

Déclaration rédigée par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres qui rappelle dans quelles conditions le français doit être utilisé dans les manifestations scientifiques qui ont lieu sur le territoire relevant de la législation française :

L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres constate une tendance croissante à user exclusivement de la langue anglaise dans les congrès et colloques de certaines sciences humaines organisés en France. Ce comportement est illégal, il est regrettable au regard de la position traditionnelle de la langue française, et il donne un fâcheux exemple aux francophones du monde entier. D’autre part, il est défavorable au progrès de la recherche. En effet, la langue n’est pas neutre : elle convoie inévitablement des formes de pensée, surtout dans le domaine des sciences humaines, où la diversité est une richesse. L’usage exclusif d’une seule langue a pour effet un appauvrissement.

Il importe naturellement que les chercheurs français et francophones participent pleinement à ce qui se fait à l’échelle mondiale. Mais cela n’implique pas qu’ils renoncent à leur langue qui, au contraire, leur facilite la tâche et accroît leur productivité. Il n’est pas difficile de concilier le respect de la langue française et la nécessité de l’intercompréhension. L’Académie appelle à l’observance des règles suivantes, qui découlent de la législation en vigueur:

  • Le français figure parmi les langues admises dans le programme de chaque rencontre organisée sur le territoire français, et il existe une version ou un résumé en français de tous les documents produits à cette occasion.
  • Les participants français s’expriment oralement en français et, en cas de nécessité, distribuent ou affichent une traduction ou un résumé de leur communication en anglais ou dans une autre langue.
  • Les participants non francophones, en cas de nécessité, s’expriment en une autre langue et distribuent ou affichent une traduction ou un résumé en français.

Quant aux publications, l’Académie invite les chercheurs français à s’y exprimer en français, en accompagnant leurs textes, si nécessaire, d’une traduction ou d’un résumé en anglais ou dans une autre langue.

Le français au service des sciences

Un point de vue solide, original et très convaincant sur la nécessité de réfléchir dans sa langue maternelle. Laurent Lafforgue est mathématicien, professeur permanent à l’Institut des hautes études scientifiques, à Bures-sur-Yvette, il a obtenu la médaille Fields en 2002. Il écrit : “c’est dans la mesure où l’école mathématique française reste attachée au français qu’elle conserve son originalité et sa force. A contrario, les faiblesses de la France dans certaines disciplines scientifiques pourraient être liées au délaissement linguistique. (…) le choix de la langue est le signe d’une attitude combative, le contraire de l’esprit d’abandon et de renoncement. (…) Sur le plan moral, c’est-à-dire sur le plan des valeurs qui est plus important encore, le choix du français (…) signifie qu’on accorde plus d’importance à la recherche en elle-même qu’à sa communication(…)”.
Accédez à l’article complet (format pdf) :
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Edito de Laurent Lafforgue
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Un point de vue complémentaire

d’un collègue de l’université de Franche-Comté, spécialiste du plurilinguisme.
Claude Truchot écrit : “Le bilan probable (de l’enseignement en anglais dans les universités des pays du Nord de l’Europe) mais les autorités n’ont jamais osé le faire, est que la qualité de l’enseignement supérieur a baissé dans ces pays”
Accédez à l’article complet (format pdf) :
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Enseigner en anglais dans les universités françaises : quels effets prévisibles ?
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Contre la langue unique

Serge Halimi, Le Monde diplomatique, juin 2013

(…) l’attractivité d’une langue ne se résume pas à la vente de formations aux pays émergents. Elle s’affirme en échangeant avec d’autres, en pensant le monde, y compris celui qui vient. La France, qui s’est battue pour défendre son cinéma et son exception culturelle, peut-elle accepter qu’un jour la recherche et la science s’expriment uniquement dans l’idiome, d’ailleurs souvent maltraité, de la superpuissance ? (…)

Défendre la langue française

Texte du Collectif Unitaire Républicain de Résistance, d’Initiative et d’Émancipation Linguistique (COURRIEL) diffusé par le M’PEP avec l’autorisation du Collectif.
Le 24 mai 2013.
Étant donné la gravité des attaques convergentes des tenants du tout-anglais contre la langue française (“langue de la République” au titre de l’article II de la Constitution), qu’il s’agisse du projet de loi Fioraso officialisant l’anglais à l’Université, ou de la “Charte européenne des langues minoritaires et régionales” portée par l’Union européenne et par François Hollande, le M’PEP a décidé de diffuser le texte du CO.U.R.R.I.E.L. dont il partage le contenu.
Ce collectif pluraliste et politiquement indépendant appelle en effet à la résistance linguistique sur des bases internationalistes et progressistes.
Alors que les résistances montent en puissance contre la loi Fioraso adoptée le jeudi 23 mai par l’Assemblée nationale, le devoir des citoyens est de refuser l’hégémonie européenne et mondiale de la langue unique, facteur de pensée, de politique et d’économie uniques.
Sans que l’on s’en rende toujours compte, la langue de Molière et de Victor Hugo est le premier service public de France. Ne le laissons pas marginaliser ! Ne nous laissons pas couper la langue par l’oligarchie capitaliste et par ses complices de la fausse gauche qui voudraient ainsi nous retirer le droit à la parole et la liberté de penser autrement qu’eux !

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